La lutte pour comprendre l'art

Né en Prusse dans une famille de la petite bourgeoisie juive, Max Raphael (1889-1952) a consacré sa vie à bâtir une « science empirique de l’art » reliant l’analyse des formes à la théorie de la connaissance et à la philosophie politique. Sans affiliation académique, dans des conditions d’extrême précarité, il mène une vie errante entre Berlin, Davos, Paris et, finalement, New York, après avoir été tiré des camps français en 1941. Marqué par le vitalisme de Simmel et de Bergson, proche des milieux d’avant-garde, il invente la notion d’expressionnisme en peinture et est bouleversé par sa découverte du cubisme, à Paris en 1911. Attaché sa vie durant aux œuvres de Goethe et de Maître Eckhart, il évolue dans les années 1920 vers un marxisme aussi passionné qu’hétérodoxe. À partir de la fin des années 1930, il accorde une place privilégiée à l’étude de la préhistoire, abordée à la lumière de la modernité, tout en conservant à ses travaux un caractère extraordinairement polymorphe.